Récit de ma correspondance avec le tueur en série américain Richard Ramirez.
(Dans mon ouvrage « Les mots du mal – Mes correspondances avec des tueurs », vous aurez la possibilité d’en découvrir davantage sous une forme bien plus développée, riche en rebondissements et en anecdotes supplémentaires.)
Richard Ramirez est devenu une figure emblématique d’une certaine contre-culture aux Etats Unis. Il est difficile de passer à coté quand on s’intéresse aux mythes Américains et aux légendes urbaines.
J’ai commencé à correspondre avec Richard Ramirez dans le courant de l’année 2010. Au début, je ne pensais pas obtenir une réponse car je savais qu’il recevait beaucoup de lettres. Je reçus sa première lettre le 10 avril 2010. Cette dernière contenait également un petit dessin représentant le « Bouffon Vert », l’un des super-méchants présents dans les comics Marvel de Spiderman.
Sa missive était faite de phrases courtes, sans fautes d’orthographe, et tenait sur une page. Elle était essentiellement constituée de questions à mon intention. Par exemple, Richard Ramirez me demandait ce que je faisais dans la vie, quel style de musique j’écoutais, si je pratiquais un sport, si j’avais déjà mis un pied sur le sol américain et bien sûr, comment j’étais parvenu à me procurer son adresse. Des questions très variées, pour faire connaissance.
Dans ma première enveloppe à son intention, j’avais glissé une photo de moi et quelques-unes de mes peintures. Selon ses dires, il avait beaucoup apprécié la noirceur qui s’en dégageait.
Il m’avait demandé de lui expliquer où je puisais mon inspiration. De son coté, Richard Ramirez n’avait plus le droit de faire des dessins trop « Evil » ou, autrement dit, ayant un rapport avec ses propres crimes, son affaire et le Satanisme. Dans les années 90, il avait vu son droit de posséder des crayons et du papier pour dessiner interdit par l’administration pénitentiaire. C’était sa sanction pour avoir produit des oeuvres qui vantaient clairement ses exploits sanglants.
Désormais, il se contentait de dessiner maladroitement, mais avec son propre style, des personnages de Comics, des pin-up, des voitures ou des petits personnages souvent charmants et mignons. Pour ma part, je recevais un dessin de lui avec chacune de ses lettres.
De temps en temps, Richard Ramirez me réclamait des stylos ou des feutres, mais aussi de lui rendre divers petits services. Ils consistaient à lui faire des photocopies de documents qu’il souhaitait posséder en plusieurs exemplaires afin de les envoyer à ses autres correspondants.
Il s’agissait en général de photos de lui-même qu’il devait certainement dédicacer à l’intention de ses nombreuses « groupies », de courts questionnaires contenant des questions basiques et de notes racontant des blagues. Souvent, il me demandait de lui envoyer des photos de filles, à demi dénudée, en lingerie fine ou en maillot de bain. Sa grande préférence en matière de femme semblait se porter sur les asiatiques. Un jour, je fus étonné lorsqu’il sembla soudainement porter son intérêt sur les contorsions des gymnastes et les femmes pratiquant le culturisme!
Concernant les photos de filles, je faisais attention de n’envoyer que des photos assez « soft » afin de ne pas être censuré par l’administration pénitentiaire et d’être interdit de correspondance avec Richard Ramirez. Seules les photos de semi-nudité sont acceptées dans le couloir de la mort. Les parties intimes telles que le sexe ou les tétons doivent être masquées ou non visibles.
Globalement, notre correspondance fut rythmée de la manière suivante, je recevais une lettre de Richard Ramirez tous les un mois et demi, environ. Dans ses lettres, il ne parlait de sa personne qu’en de rares occasions et jugeait que son quotidien sordide, dans le couloir de la mort, ne valait pas la peine qu’on s’y attarde. Pour lui, toute sa vie avait déjà été épluchée et relatée dans de nombreux livres, journaux, documentaires sans oublier Internet.
Désormais, il préférait s’en tenir à poser des questions et parler de choses précises ayant autre chose à voir que le crime ou le meurtre. Durant notre correspondance, il n’a jamais exposé directement son intérêt pour le Satanisme mais il m’orientait vers des groupes de heavy metal usant des représentations symboliques liées à cette doctrine.
Certains prétendent que Richard Ramirez s’était assagi, arrivé à l’âge de la cinquantaine. L’innocence toute relative du contenu de ses enveloppes et de ses lettres semblait m’indiquer qu’il prenait désormais toute son existence comme une vaste farce… N’ayant plus rien à perdre car condamné à mort depuis 1989.
Il m’évoquait souvent ses goûts musicaux, allant du « rock » au « heavy metal ». Parfois, il me demandait de lui envoyer des textes de chansons de Juda Priest ou Ted Nugent. L’ironie est que ce dernier est connu pour son engagement au sein de la GOA (Gun Owners of America), et qu’il est également un fervent supporter de la peine de mort. Richard Ramirez portait souvent son intérêt pour le sport et les belles voitures. Je lui envoyais des photos de belles automobiles rutilantes et il semblait être fasciné par la vitesse que ces bolides pouvaient atteindre.
À compter du mois de mars 2013, je fus sans nouvelles de lui pendant plus de deux mois. Je décidais de le relancer quatre mois après. J’ignorais alors que je lui avais posté une ultime lettre, le jour même de sa mort survenue le vendredi 07 juin 2013. L’annonce de son décès fut très soudaine car rien, dans le contenu de ses courriers, ne présageait qu’il était malade. De plus, je n’avais aucun écho extérieur pouvant me permettre de le présager.
Selon les autorités, Richard Ramirez est mort de causes naturelles.
À présent, il est certainement en Enfer, assis à la droite de Satan. Il aura lui-même érigé son propre mausolée dans l’inconscient collectif de la société Américaine en devenant l’un des tueurs en série les plus barbares de la seconde moitié du XX ième siècle.
« Vous ne me comprenez pas. Vous n’en êtes pas capables ! Je suis au-delà de votre expérience. Je suis au-delà du Bien et du Mal… »